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Un article du Dr Marc Bekoff sur des études scientifiques montrant que les décisions de groupe sont fortement influencées par les leaders.

« Comment un groupe de chiens familial décide-t-il des directions à prendre leur de déplacements collectifs ? »

Ce matin, j’ai été alertée par un article à propos d’une étude très intéressante et très détaillée, publiée en 2014 par PLOS Computational Biology intitulé «Leadership et caractéristiques pendant les promenades liées à l’ordre de dominance et aux traits individuels chez le chien» par Zsuzsa Ákos de l’Université Eötvös et ses collègues. Ce document est disponible gratuitement en ligne, et bien qu’il soit probable qu’il ne sera pas facile à lire pour les non professionnels, cela vaut la peine de considérer les résultats globaux de cette étude unique, non seulement pour ce que cela signifie pour les chiens, mais aussi pour d’autres animaux non-humains et pour les humains.

groupe-chienLa question fondamentale était de savoir si les schémas de déplacements – rôles de leader et de suiveur – des chiens sont liés au rang de dominance individuelle et aux traits de personnalité. Ou, comme le disent les chercheurs, « Comment un groupe de chiens décide-t-il de la direction de leurs déplacement collectifs? »
Les chiens, comme de nombreux autres animaux, forment des relations hiérarchiques, il  est important de savoir si l’un des avantages de la « domination » est de contrôler ou d’influencer fortement les réactions et mouvements des autres membres du groupe. Ainsi, les chercheurs ont utilisé un questionnaire détaillé pour déterminer le positionnement hiérarchique de chaque individu dans le groupe.

Le Dr Ákos et ses collègues ont recueilli et analysé des données GPS (823 148 points de données) recueillies auprès de six chiens (cinq Vizslas et un petit croisé) qui marchaient sans laisse avec leur humain, tous partageant la même maison. Individuellement, les chiens ont montré des caractéristiques uniques, y compris la vitesse de course et la distance qu’ils entretenaient de leur humain.
Les chercheurs ont découvert que les chiens étaient des leaders entre 50 et 85 pour cent du temps, et que les rôles de leader et de suiveur étaient interchangeables quand ils ne suivaient pas leur humain. A certain moment, les mêmes chiens avaient tendances à suivre ou à prendre le leadership.
Lorsque l’équipe de recherche a analysé les caractéristiques du leader et des « suiveurs», ils ont appris que «les chiens leaders/ dominants ont une personnalité unique et spécifique: ils sont plus à même d’être formés/entrainés, ils sont plus contrôlables et font preuve de plus d’agressivité. De plus ils sont plus âgés que les chiens subalternes».

meute lycaon

Les chiens vivants en groupe, comme de nombreux autres animaux, forment des réseaux sociaux. En regardant les relations sociales entre les chiens du groupe, les chercheurs ont également découvert que « le réseau construit à partir de ces relations, leader/suiveur, est hiérarchique, et les positions des chiens dans le réseau sont en corrélation avec l’âge, le rang de dominance, la contrôlabilité et les mesures d’agression. » Et ce qui est très intéressant et important, c’est qu’ils pourraient également déterminer le rang de dominance et les traits de personnalité de chaque chien en fonction de leurs déplacements, soit comme leaders ou comme disciples. Le co-auteur Máté Nagy note: «Nous avons montré qu’il est possible de déterminer le classement social et les traits de personnalité de chaque chien à partir de leurs données de mouvement GPS. »

Dans l’ensemble, cette étude unique et extrêmement minutieuse et détaillée a montré que le réseau social hiérarchique sous-jacent d’un groupe de chiens et les différences individuelles de personnalité influencent fortement le déplacement du groupe dans son ensemble. Ce n’est pas un système égalitaire. Comment leurs données s’appliquent à d’autres non-humains et à l’homme, reste à étudier plus en détail.
Cette étude montre que les chiens sont unis par des relations hiérarchiques, que ce soit pour les chiens vivant avec des humains et pour les chiens en liberté, qu’ils soient seuls ou plus ou moins seuls. Leur positionnement hiérarchique, au sein du groupe influence les mouvements de groupe. En fonction des mouvements, les chercheurs pourraient déterminer de façon fiable le rang et la personnalité de chaque individu du groupe.
Il est toujours utile d’avoir différentes façons d’évaluer le statut social et les traits de personnalité lorsqu’il n’est pas possible de voir tout ce que font les individus d’un groupe.
Dans nos études de terrain sur les coyotes, nous nous sommes appuyés sur différentes façons d’évaluer le rang et les traits de personnalité et avons découvert que certains comportements étaient fortement corrélés.

L’application pratique de savoir qui est un leader et qui est un « disciple »

Il y a aussi un côté pratique important à cette étude. En plus d’en apprendre davantage sur les hiérarchies sociales, les chercheurs espèrent que cette façon d’étudier les chiens pourrait aider à créer des paires optimales de chiens utilisés pour des tâches importantes telles que les opérations de recherche et de sauvetage, rassemblant ceux qui ont la plus grande compatibilité.  » Ce serait un gagnant-gagnant pour les chiens et pour les humains pour qui ils cherchent.

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