Article Zoopsy N° 228

Mon chien aboie tout le temps. Que puis-je faire pour qu’il s’arrête ?

Les aboiements en mode non-stop sont une source de nuisance sonore et par conséquent, des soucis avec le voisinage.

chien-aboieIl est à savoir que les amendes encourues pour nuisance sonore peuvent aller jusqu’à 450 €. Ce qui est particulièrement nuisible, ce n’est pas forcément le nombre de décibel, car une tronçonneuse ou de la musique forte peuvent être beaucoup plus sonore, mais la répétition, la durée ou encore la possibilité que ces aboiements soient à caractère nocturne (1).

Mais comme pour tout problème, il faut en analyser les circonstances pour trouver la solution adaptée. Si on considère les aboiements comme un trouble du comportement – bien que rappelons le, le chien aboie – il est indispensable d’avoir une vue d’ensemble de la situation pour obtenir des éléments de réponse pouvant orienter un diagnostic : s’agit-il de hurlements ou de simples aboiements ? Sont-ils continus ou entrecoupés de périodes de calme ? Existe-t-il des facteurs déclenchants, des stimuli (passage de personnes devant le portail, présence d’un autre animal…) ? Quelles sont les séquences comportementales associées aux aboiements? Aboiements dans un environnement très stimulant ?

Problème de situation géographique :

Savez-vous que le lieu même où vit le chien peut être la cause des aboiements ? Une voie passante jouxte la propriété et à chaque passage le chien aboie. Même si les vocalises sont faibles en intensité et en durée, leur répétition constituent une nuisance sonore.

La cohabitation de plusieurs chiens est un vrai catalyseur puisque par effet meute, les chiens s’entraînent les uns les autres.

Group of Maltese dogs, yawning, sitting in a row, isolated on whiteIl est souvent conseiller de simples mesures pour limiter l’exposition du ou des chiens aux stimuli : brise-vue, palissade, enclos à distance de la voie passante…

Trouble du comportement : Les aboiements y ont aussi leur place

Dans quelques affections comportementales, les aboiements sont un symptôme. Il sera alors primordial de traiter l’affection majeur en parallèle des aboiements.

Quelles sont ces troubles ?

Le chien hyper-réactif :  Certains chiens aboient de façon excessive sans que cela soit dans des circonstances favorisantes. On suspectera alors un trouble du développement.

On parle aussi de chien souffrant du syndrome d’hypersensibilité-hyperactivité (HSHA), qui ont une appréhension et une compréhension distordues des informations venant de l’extérieur et entrainant des réaction non appropriées et amplifiées. Une feuille qui tombe va prendre une dimension tout autre. Ces chiens ont également un déficit des autocontrôles. Comme ce sont souvent des chiens destructeurs et malpropres, ils se retrouvent à passer leurs journées dans le jardin où… ils aboient non-stop.

On parlera d’un syndrome de privation sensoriel, quand un chien s’est développé dans un milieu pauvre en stimuli et que soudainement il est plongé dans un environnement plus riche où tout devient source de terreur. Les manifestations de peur peuvent s’accompagner de vocalises.

La phobie sociale : le chien aboie sur toute personne non familière, même en présence de son propriétaire.

La phobie aux bruits : tous types de bruits (urbains, mistral, pluie…).

Un traitement chimique adapté doit être opéré pour ces chiens « peureux ». L’objectif est de diminuer les réactions émotionnelles comportementales et organiques, pour optimiser la mise en place d’une thérapie comportementale.

Les Aboiements lors de rencontres

Avec des congénères

S’il s’agit d’une attitude réactionnelle, alors c’est pénible, mais normal. C’est le cas du mâle qui hurle à la mort en raison de la présence d’une chienne en chaleurs (ou de plusieurs qui se succèdent dans la même saison !) sur le même pallier ou dans un jardin voisin.

Une des solutions dans ce cas, est de castrer le chien. Par ailleurs, l’aboiement peut être une réaction naturelle lors d’un face-à-face visuel avec un congénère menaçant. Le comportement est alors plus difficile à corriger, mais avec l’aide d’une thérapie comportementale et d’une éducation positive, on doit pouvoir aider le chien à le plus faire cas de ses congénères.

S’il s’agit d’une attitude pathologique, c’est un chien qui a pu devenir un aboyeur : le syndrome du « petit chien ». Ce sont souvent des chiens qui ont été séparés trop tôt de leur mère, surprotégés par leur propriétaire, ces handicapés de la communication canine voient leur comportement s’aggraver de rencontre en rencontre : assez classique du petit chien qui ne sais plus que ses pattes doivent toucher le sol et qu’elles sont faites pour marcher. Le fait de les soustraire systématiquement aux contacts canins encourage les vocalises et développe sa désocialisation.

Avec d’autres animaux

« Quand un chien course et hurle sur un chat, une pie ou un hérisson, il est difficile de faire la part de la prédation, du jeu ambigu ou du défaut de socialisation ». Dans le premier cas (la prédation), aucune mesure n’apporte réellement de résultat. S’il s’agit d’un jeu, encouragé par la fuite du protagoniste ou son attitude « provocatrice » (chat narguant le chien sur un mur, pie prête à riposter…), il est encore possible de rediriger son comportement en le stimulant par un autre jeu.

Avec les humains

Les chiens qui aboient sur les personnes étrangères ne sont pas tous asociaux ! Dans la plupart des cas, ils font de la garde territoriale. On ne peut faire taire ces « gardiens » en leur proposant autre chose, comme de prendre un jouet en gueule quand une personne non familière arrive. Ils sont là pour ça, pour aboyer au premier inconnu qui passe.

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Paradoxe humain entrainant des troubles relationnels : Les propriétaires de chiens attendent de leur chien qu’ils soient de bon gardien en menaçant des cambrioleurs éventuels, mais par contre qu’ils se taisent avec des étrangers qui eux n’ont pas l’intention de vous dévaliser. Expliquez-moi donc comment le chien peut faire la différence ?

Pour conclure, calmer les aboiements intempestifs nécessite une prise en charge de l’affection comportementale dans sa globalité. On comprend mieux l’intérêt d’une consultation comportementale.

Ref.

1-      Muriel Marion – Congrès National de l’AFVAC 2011

2-      Laetitia BARLERIN Docteur vétérinaire – zoospy N°228 du 20 au 26 octobre 2011