Je vous ai déjà parlé de Gatsby ? Gatsby, un cocker golden, dont j’ai eu le plaisir de m’occuper en raison de comportements gênants.
Gatsby était un mâle entier (non castré), de 5 ans. II avait été trimballé de famille en famille pendant ses 5 ans de vie, puis il avait atterri dans un gentil foyer où un chien était déjà présent : un femelle cocker spaniel de 9 ans. Après quelques mois d’adaptation, Gatsby avait mordu la petite chienne, assez violemment. Mais pas que. Il grognait et montrait sa belle dentition au facteur tous les jours. S’il était détaché, il coursait tout et n’importe quoi : vélo, joggeur, chats, moutons… Bref. Un peu compliqué pour sa nouvelle famille qui s’est vite vu dépassée. Car si Gatsby venait à mordre un humain, c’était la fin pour lui.
On m’avait prévenue qu’à mon arrivée, Gatsby pourrait me faire une démonstration de canines aiguisées. J’avais donc prévu des armes dissuasives. Gatsby était gourmand et dévoré tout ce qui pouvait l’être.
Pour montrer « pattes blanches » et me présenter en amie, mon premier contact avec Gatsby se fit par l’intermédiaire de friandises bien savoureuses, de petites saucisses juteuses et de tous les signaux d’apaisement que mon registre postural me permettait de mettre en place.
Gatsby m’a accueillie chaleureusement au vu de mes offrandes. Après avoir discuter avec ses gardiens humains, j’ai pu cerner les problèmes de gestions comportementales de Gatsby : difficile d’adopter le bon comportement avec les autres quand on ne contrôle pas ses émotions, quand on ne sait pas communiquer clairement, quand on n’a pas tous les codes, quand l’instinct ou plus précisément les instincts sont les plus forts : instinct de survie, instinct de prédation, instinct tout simplement. Gatsby fonctionnait à l’instinct tout simplement, il n’avait pas eu le temps d’apprendre avec personnes. Il n’était pas resté assez longtemps avec sa mère pour apprendre les codes canins. Le défilé d’humains lui avait appris la méfiance, parfois la faim et la peur. Gatsby n’avait pas eu la vie facile jusqu’à lors et les habitudes ancrées ont la vie dure. Elles persistent. Dans son cas, ces habitudes et comportements défensifs avaient été sa seule façon de survivre.
Il fallait donc lui apprendre autre chose et lui apprendre que les humains peuvent être différents de ce qu’il avait pu connaitre. Mais mettre ce type de thérapie en place nécessite la collaboration active de sa nouvelle famille. La bonne compréhension et l’inscription totale et entière dans la démarche.
Nous avons mis en place une thérapie para-médicamenteuse (naturopathie), avec l’aide de notre naturopathe, un repositionnement dans le foyer, pour apporter stabilité et cohérence et une thérapie cognitive et comportementale (TCC) pour reformater et encourager de nouveaux comportements. Tout cela a pris du temps et de l’énergie, quelques morsures aussi… Mais là où bon nombre de personnes auraient abandonné, nous n’avons jamais rien lâché. Car nous savions que cela aurait valu l’euthanasie de Gatsby a un moment ou un autre.
Oui, ça a prit du temps, mais chaque minute investie valait la peine.
Aujourd’hui Gatsby vit toujours avec sa famille. 88% des problèmes ont été résolus. Quant au restant, la famille compose avec et accepte les compromis.
Gatsby a aujourd’hui 9 ans. Je lui souhaite de belles et heureuses années, encore et encore.
Corine Gomez, Comportementaliste
(image réalisée avec IA)
